Quelle étrange chose !
Choisir de plonger dans des vies aussi
éphémères qu’irréelles, souvent bien pires que la vraie, quelle folie !
Se plaire dans cette existence
multiforme, au point d’en faire son gagne-pain,
Chercher le bon mot à s’en casser la
tête,
Vouloir se glisser à tous prix dans un
personnage qui résiste comme un vêtement trop étroit, se contorsionner
douloureusement pour y parvenir,
Chercher le juste regard,
Jouer à être méchant comme une teigne,
et aimer ça,
Jouer à être bon comme le pain,
Observer un instant, et vivre pour le
reproduire !
Espérer humblement un peu changer le
monde,
Semer quelques graines au milieu des
broussailles, et croire dur comme fer en la floraison, mais si !
Se sentir investi de devoirs
démesurés, se sentir porte-parole, et crever de trouille autant que
d’enthousiasme,
Chercher l’essentiel, en tout,
toujours,
Parfois se laisser aller à la
jouissance d’un instant de cabotinage, et tant pis, c’est si bon !
Se sentir fort se sentir nul,
Persister,
Chercher le geste, la voix, la
respiration, la juste alchimie,
Etre ou ne pas être ?
Donner et aimer ça, donner encore et
avoir toujours plus – comme c’est étrange - et pester contre l’avarice (et les
avaricieux !), et prendre aussi,
Se nourrir d’une rencontre, d’une
phrase saisie au vol, d’une colère ou d’une parole retenue,
Avoir une fâcheuse tendance à toucher
à tout, un peu,
Cogiter, élaborer, construire,
démolir, cent fois tout reprendre à zéro,
Avoir peur toujours ! D’en faire
trop, ou pas assez, d’être mal compris, peur des gens, de soi-même, et aimer
ça…
Quelle chose étrange !
Gisèle
Bianchi (2006, ou 2007… )
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